Je dois, je peux, je choisis. Faire la différence entre une exigence et une demande

Très souvent nous manquons de clarté dans nos communications et cela de façon générale. Ce qui peut nous occasionner bien des soucis, surtout avec nos enfants lorsque nous ne distinguons pas la demande de l’exigence. Peut-être avons-nous peur de nous affirmer parce que nous avons vécu de mauvaises expériences lorsque nous l’avons fait par le passé ou encore peut-être que nous voulons être bienveillant et nous craignons de brusquer, ou encore peut être que nous ne voyons pas à qui appartient la responsabilité?

Après cette chronique vous n’aurez plus de questionnements car vous aurez compris que nous devons instaurer des zones où il peut faire certaines activités, des moments où il doit accomplir des engagements ou des responsabilités selon son âge, et des moments où il peut faire des choix. Ces décisions organisationnelles et ces règles peuvent évoluer dans le temps selon le développement des enfants, bien entendu. Et parallèlement à cela, nous utiliserons trois modes de communication : Diriger, guider et suivre.

Est-ce une exigence ou une demande?

Quoi qu’il en soit, il se peut que  vous n’ayez jamais fait attention à cela auparavant et présentement vous avez des difficultés avec vos enfants, des luttes de pouvoir se sont ouvertes?  Car c’est ce qui se passe lorsque nous n’avons pas établi clairement où chacun a le pouvoir de décider et à qui appartiennent les responsabilités. Pourtant, il y a des valeurs très claires dans votre tête et dans votre cœur que vous ne pouvez outrepasser et cela doit être exprimé clairement avec spécificité auprès de vos enfants. Tout cela est dû au manque d’attention du moment présent et au manque d’information sur la responsabilité de chacun.

Énoncer les règles clairement pour qu’elles soient intégrées rapidement

La distinction se fait entre le « je dois…je peux…et je choisis ». Voyez-vous comme ces trois expressions ne sont pas du tout pareil. Si tout est mélangé dans votre tête, il est évident que votre enfant ne vous comprendra pas non plus. Tout est une question de posture intérieure et d’intention. Lorsque nous savons où nous voulons aller, il est beaucoup plus facile de l’exprimer à quelqu’un par la suite. Il faut faire la distinction entre ce que vous exigez, ce que vous demandez, où il y a une marge de négociation et délimiter  le champ qui lui est alloué où il peut choisir comme il l’entend.

Si vous demandez à votre enfant « Pourrais-tu mettre la table stp? » Ici c’est une demande donc l’enfant ou quiconque pourrait vous dire « non je n’accepte pas ». Dans cette formulation vous ouvrez la possibilité à l’expression libre de votre interlocuteur, car c’est une demande. Si vous dites à votre enfant lorsque vous vous assoyez dans la voiture « Peux-tu mettre ta ceinture stp? » vous lui suggérez qu’il a le choix, ce qui est faux bien entendu à moins que vous acceptiez de rouler en voiture avec des passagers irréguliers. Par contre si vous lui dites « Attache ta ceinture stp » ici votre message est clair, vous exigez qu’il attache sa ceinture. Il peut tout de même argumenter et vous dire « non, je ne veux pas ».

Effectivement ce n’est pas parce que vous avez une position claire que tout va aller de soi, il y a des enfants qui vont tout de même argumenter, mais je vous dirais que cela diminue beaucoup l’argumentation quand le message est clair depuis le début. Si par contre votre enfant conteste votre exigence, vous pouvez à ce moment-là nommer le besoin qui se cache derrière votre exigence.

Vous allez constater rapidement que les exigences sont surtout reliées au besoin de sécurité ou encore à un engagement pris envers une responsabilité. Comme certaines exigences reviennent quotidiennement et même plusieurs fois par jour, pourquoi ne pas énoncer une fois pour toutes des règles qui vont être révisées de temps en temps afin de vérifier si elles sont toujours nécessaires. Ainsi vous ferez cesser les argumentations.

Élaborer les règles en famille

Donnez-vous un temps en famille pour élaborer les règles pour la voiture, le temps des repas, l’intendance de la maison, les sorties au parc. Aussi pour élaborer les rôles et les tâches de chacun.

Donnez-vous un temps en famille pour élaborer les règles pour la voiture, le temps des repas, l’intendance de la maison, les sorties au parc. Ainsi tout le monde participe à l’élaboration de ces règles, chacun distingue ses responsabilités et elles ne seront plus remises en doute à chaque fois que vous en parlez car tous auront compris le sens derrière celle-ci.

Nous souhaitons faire comprendre à nos enfants que les règles sont là comme un raccourci  pour nous faciliter la vie, elles expriment une valeur que tous adhèrent. La règle ne doit pas être vécu comme une contrainte ou une oppression mais plutôt comme un engagement solidaire à bien vivre ensemble. Ainsi vous travaillez en équipe et augmentez la cohésion familiale.

Il y a des règles dans les jeux . Si nous jouons au ballon librement ou si nous jouons au soccer ce n’est pas pareil, ce sont les règles qui font le jeu.

Au lieu de punir nos enfants, nous pouvons les discipliner. Contrairement à la croyance populaire, discipline n’est pas synonyme de punition. 
Barbara Coloroso

Une façon de faire pour vous faciliter la vie

Après les avoir décidées, écrivez-les sur un carton et gardez ce dernier à l’endroit  où elles seront utilisées ainsi vous pourrez le ressortir pour vous rafraîchir la mémoire s’il y a lieu. Surtout, déléguez aux enfants la tâche de la lecture des règles s’il n’y a pas consensus par moment car ils aiment devenir les experts de la situation.

Aussi il est facilitant pour tous de faire un aide-mémoire de l’horaire de chacun sur un tableau. Selon l’âge des enfants, vous pouvez  y mettre le bloc du matin et le bloc du retour de l’école. Vous pouvez identifier ces blocs en y mettant : Je dois/Je peux/je choisis, en visualisant ces différentes zones de couleur différente,  ces concepts deviennent plus clairs pour les enfants.

En discutant avec vos enfants vous pourriez voir avec eux s’ils veulent débuter le retour de l’école par une zone « je choisis » suffisamment longue pour qu’il puisse relaxer, mais pas trop non plus, car ils ne pourront plus se motiver à faire les « je dois »  (qui ne sont pas des vrais « je dois » car ils ont été choisis lors du consentement en groupe)   ou sinon débuter immédiatement avec les « je dois » pour terminer les  responsabilités (engagements) et pouvoir relaxer vraiment le reste de la soirée avec les «je peux et je choisis ».

Plus les enfants sont petits et plus nous décidons pour eux

Plus les enfants sont petits et plus nous décidons pour eux, car ils n’ont pas le développement cognitif pour faire des choix  et se remémorer des règles de vie commune.  Donc il y a davantage de directives (je dois) mais il faut comprendre que notre objectif à long terme est de responsabiliser notre enfant et qu’il s’engage par lui-même à se prendre en charge et à se surveiller lui-même.

Être parent c’est savoir faire le transfert du contrôle des responsabilités avec chacun de ses enfants, c’est apprendre à l’enfant à se diriger soi-même, à prendre les meilleures décisions pour lui et à se surveiller lui-même ce qui veut dire demeurer engagé envers ses responsabilités. Pour en savoir plus à ce sujet, deux chroniques Comment responsabiliser mon enfant et la deuxième Les punitions versus les réactions de l’enfant.

La souplesse dans les changements de mode de communication est le reflet de notre désir d’obtenir le meilleur de l’autre.

Monique Desjardins

POUR CE FAIRE


Vous devez savoir  qu’il y a plusieurs styles de communication et que les mots choisis, le ton de la voix utilisés selon votre intention du moment définiront une certaine attitude et cette façon de communiquer aura une influence sur la relation que vous êtes en train de développer avec cette personne. Selon notre intention nous pouvons adopter différents styles de communication et avec un enfant il est important de varier ces styles.

Il y a le style directif, le style où nous guidons et celui où nous suivons. Plus  l’enfant est petit et plus il est en apprentissage donc plus nous avons tendance à être directif  lors de nos communications car il a besoin avant tout de sécurité. Mais il est important de rester dans le plaisir et la douceur, un ton autoritaire pourrait avoir n tout autre impact.

Une routine dans la salle de bain sera truffée d’impératifs et selon notre enfant et son état du moment, cet instant de plaisir pourrait se transformer en lutte et pleurs. D’être capable de suivre l’enfant par moment est un atout pour la relation. Si l’enfant se sent frustré par une grande quantité d’exigences, il est préférable de ralentir et commencer à le suivre, donc de l’écouter avec attention et empathie pendant qu’il s’exprime.

Suivre l’enfant

  • Lorsque nous suivons l’enfant, c’est lui qui décide et nous reflétons ce qu’il fait ou ce qu’il dit.
  • Suivre c’est accompagner, c’est permettre, c’est faire confiance, c’est comprendre l’autre et l’observer sans le juger ou l’évaluer.
  • Ainsi nous devenons le miroir de l’autre, nous pouvons refléter ses comportements, ses paroles, ses émotions ou ses besoins.
  • Nous lui donnons l’opportunité d’exister et de se comprendre. Par exemple nous pouvons lui dire, lorsqu’il est tout petit et n’a pas commencé à parler et que l’enfant joue aux blocs, nous reflétons ses gestes : « tu mets le bloc rouge sur le bloc vert. Tu es content de jouer au bloc. (l’enfant se lève et se dirige vers la bibliothèque) Tu souhaites aller lire un livre, et ainsi de suite. Tu choisis de manger la poire au lieu de la pomme.
  • Les enfants adorent ces moments de fluidité où ils sont créateurs.
  • Ils développent la confiance dans la relation, mais aussi leur propre confiance en eux.
  • Ils développent plus d’assurance et de sécurité intérieure et ont plus d’initiative.
  • Vous pouvez aussi exprimer davantage vos propres choix tout au long de la journée pour que l’enfant vous modélise. « je choisis de prendre ma douche ce matin car je me sens ragaillardi, cela me réveille et je me sens plus joyeux. Je choisis de me brosser les dents car j’aime prendre soin de mes dents.

Le deuxième style où nous: Guider l’enfant

  • Lorsque nous guidons, nous prenons soin, nous encourageons, nous proposons, nous motivons.
  • Lorsque nous guidons nos enfants, nous montrons le chemin ou encore nous les habituons à réfléchir quant au meilleur chemin à prendre.
  • Nous pouvons faire des suggestions et lui dire : observons maintenant ce qui se passe dans cette situation. Nous pouvons lui demander : que va-t-il se passer si tu mets le bloc rouge sur le vert? Veux-tu l’essayer?
  • Guider laisse entendre « je peux t’aider à résoudre ceci par toi-même ».

Le troisième style: Diriger l’enfant

  • Diriger est une prise en charge de l’enfant « je sais comment tu pourrais résoudre ton problème et je vais te dire comment faire. »
  • Il ne faut surtout pas abuser de ce style et y mettre un ton d’autorité mais plutôt être centré et cohérent.
  • Si la  directive est nouvelle, nous devons en avertir l’enfant  et être authentiques. L’authenticité dans la communication crée plus d’accueil et d’ouverture. Si nous sommes cohérents intérieurement entre notre verbal et notre non verbal, l’enfant se verra rassuré et en sécurité. J’appelle cette zone, notre zone de pouvoir.Rappelez-vous que la communication est 93% non verbale. Les enfants ont appris le langage du corps avant le langage verbal, c’est ce qui fait qu’ils sont très sensibles à nos incohérences internes. Si je ne suis pas au clair avec moi-même et que je vacille entre le « oui » et le « non », mon enfant a plus de chance de me désobéir, car j’envoie deux messages contraires et dissonants.  Si nous observons que notre enfant s’entête régulièrement avec nous, mais pas avec son père, serait-ce parce que son père est convaincu lorsqu’il affirme une exigence?

En espérant que ce texte vous aidera dans votre rôle de parent.

Monique

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