Le sens et le stress

Lorsque nous sommes parents aujourd’hui, nous avons mille et une occupations. Quand ce n’est pas d’aller reconduire notre plus jeune à son activité de gymnastique, c’est notre plus grand qui nous demande d’aller le chercher après la fête chez son amie. Tout cela se passe après les heures de travail bien entendu, donc nous avons déjà fait un premier quart de travail et l’énergie n’est pas au maximum.

Il est facile de perdre le sens de nos actions

C’est un deuxième quart de travail qui nous attend lorsque nous quittons le bureau. De plus, la pression devient encore plus grande, car nous craignons de ne pas arriver à l’heure à ces multiples rendez-vous imbriqués les uns aux autres. En plus de tout cela, nous devons savoir faire mille et une autres choses en même temps : régler les conflits, chercher les divers objets qui ne sont pas où ils devraient l’être tel que le maillot de bain ou le cadenas obligatoire pour la pratique de patin à glace ou encore répondre aux demandes de permissions de dernière minute.

Car si vous ne le savez pas, les enfants raffolent utiliser ses moments sous pression pour faire une demande glacée. Glacée comme si on vous mettait un glaçon dans le dos,  vous savez ce genre de permission qui ne saurait être considérée plus que 2 secondes dans d’autres moments, mais qui dans ce tourbillon est étudié suffisamment longtemps pour que vous laissiez échapper un « peut-être » ou encore « je ne sais pas ». Vous venez de signer votre arrêt de mort, il n’en fallait pas plus pour qu’on ne vous lâche plus jusqu’à l’approbation finale.

Avez-vous remarqué les moments stratégiques utilisés par les enfants, par exemple lorsque vous avez un pied dehors ou encore lorsque vous parlez au téléphone? Tous les moments où vous manquez d’attention sont bons pour eux. En plus, si vous avez encore suffisamment de lucidité et souhaitez remettre la conversation à plus tard, c’est souvent accompagné de la petite phrase culpabilisante « On sait bien, tu n’as jamais le temps pour moi. » Enfin ces petits moments ne sont pas le sujet de ma chronique aujourd’hui, je veux vous parler du stress et du sens que l’on perd en cours de route et qui peuvent être très nocifs à la longue.

Une vie très active n’est pas nécessairement stressante

Effectivement, ce n’est pas dangereux d’avoir une vie active et pleine de défis. Ce qui est dangereux c’est de croire que nous sommes en situation de stress et que nous n’avons pas les ressources nécessaires pour performer.  Trop de personnes passent beaucoup de temps à se plaindre de ce qui leur arrive et courent toujours plus vite en croyant que tout va se régler.

Je suis formatrice en gestion de stress et je me suis rendu compte qu’en voulant informer les gens sur les effets négatifs du stress, lorsque je parle de nos capacités de résilience, celles-ci  peuvent passer inaperçues, car notre cerveau mémorise davantage ce qui fait peur.

Je le répète fréquemment le cerveau a une tendance à voir tout ce qui fait défaut, ce qui ne fonctionne pas, ce qui est menaçant, et de là, notre sens aigu de l’observation pour les chaudrons sales dans l’évier ou encore les miettes oubliées sur le comptoir. Plus vous êtes stressés et plus  vous remarquez tout ce qui cloche et plus vous vous stressez davantage. C’est un cercle vicieux qui vous enlève votre énergie et votre bonne humeur.

Maintenant les scientifiques comprennent que si nous interprétons la situation positivement, si nous lui donnons du sens, nous allons sécréter des neurotransmetteurs et des hormones tels que le DHEA en même temps que le cortisol et l’adrénaline ce qui va diminuer la réaction de stress et la rendre positive, tel un acte de bravoure.

Serez-vous Sir John qui combat le dragon dans votre vie? En effet tout est dans la façon d’interpréter la situation et cette évaluation se fait très rapidement par notre inconscient. Tout cela vient de vos valeurs et des raisons pour lesquelles vous faites les choses. Si vous vivez des évènements difficiles comme la maladie d’un proche, vous pouvez subir cette situation comme vous pouvez la voir comme un défi à relever et devenir le héros qui soutient cette personne au lieu de la voir comme un boulet ou une charge. C’est aussi ce qui va faire la distinction entre si vous serez aidant ou nuisible pour les autres.

Le cerveau a une tendance à voir tout ce qui fait défaut, ce qui ne fonctionne pas, ce qui est menaçant, et de là, notre sens aigu de l’observation pour les chaudrons sales dans l’évier ou encore les miettes oubliées sur le comptoir. Plus vous êtes stressés et plus  vous remarquez tout ce qui cloche et plus vous vous stressez davantage. C’est un cercle vicieux qui vous enlève votre énergie et votre bonne humeur.

Monique Desjardins

La vie n’est jamais rendue insupportable par les circonstances,
mais par un manque de sens et d’intérêt.Viktor E. Frankl

Voici une petite histoire qui illustre bien mon propos. Vous pouvez regarder le vidéo

En se rendant à Chartres, Charles Peguy aperçoit sur le bord de la route un homme qui casse des cailloux à grands coups de maillet. Les gestes de l’homme sont empreints de rage, sa mine est sombre. Intrigué, Peguy s’arrête et demande :

– « Que faites vous, Monsieur ? »

– « Vous voyez bien », lui répond l’homme, « je casse des pierres ». Malheureux, le pauvre homme ajoute d’un ton amer : « J’ai mal au dos, j’ai soif, j’ai faim. Mais je n’ai trouvé que ce travail pénible et stupide ».

Un peu plus loin sur le chemin, notre voyageur aperçoit un autre homme qui casse lui aussi des cailloux. Mais son attitude semble un peu différente.  Son visage est plus serein, et ses gestes plus harmonieux.

– « Que faites-vous, Monsieur ?», questionne une nouvelle fois Peguy.

– « Je suis casseur de pierre. C’est un travail dur, vous savez, mais il me permet de nourrir ma femme et mes enfants. »

Reprenant son souffle, il esquisse un léger sourire et ajoute : « Et puis allons bon, je suis au grand air, il y a sans doute des situations pires que la mienne ».

Plus loin, notre homme, rencontre un troisième casseur de pierre. Son attitude est totalement différente. Il affiche un franc sourire et il abat sa masse, avec enthousiasme, sur le tas de pierres. Pareille ardeur est belle à voir !

« Que faites-vous ? » demande Peguy

« Moi, répond l’homme, je bâtis une cathédrale ! »

La fable des casseurs de pierres,  est attribuée à Charles Peguy

POUR CE FAIRE


Lorsque nous avons inscrit notre enfant à son activité, nous étions contents et cela avait beaucoup de sens pour nous. Malheureusement nous perdons ce sens au fil des jours, et c’est ce qui fait que ce plaisir devient un calvaire et vous stresse au lieu d’illuminer vos yeux et votre teint. Il ne vous reste qu’à vous rebrancher sur votre batterie naturelle, car effectivement donner du sens à sa vie, la rend magnifique. Se remettre en contact avec la raison pour laquelle vous l’avez fait, votre inspiration de départ…qu’est-ce que c’était?

En reprenant contact avec le sens c’est à ce moment :

  • qu’un tas de vaisselle sale sur le comptoir se transforme en une superbe soirée complice avec nos amis. Hé oui fréquemment, à la fin de la soirée, lorsque les amis sont partis, nous voyons le tas de vaisselle et ce moment qui était rempli de magie, d’amour et de joie se transforme en stress et en tâche repoussante. Ce qu’il faut faire est de se rebrancher sur le sens de notre soirée, la raison pour laquelle nous l’avons initiée.
  • se sentir comme un piètre chauffeur de taxi se transforme en un soutien inspirant à notre enfant pour ses talents musicaux.
  • faire le ménage devient être un semeur de bonheur, d’ordre et de sécurité.
  • encourager notre adolescent pour magasiner ses bottes devient un moment de partage de nos valeurs en même temps qu’un cours sur l’économie et la politique.
  • ramasser souvent les résidus de matériel de bricolage de notre plus jeune sur le plancher devient soutenir son parcours créatif à la maison.

Pour certaines personnes, le sens est toujours présent, c’est facile pour elles de se connecter à l’origine de leur choix et cela même si ce choix d’origine est très loin dans leurs passés. Ces personnes sont proactives et responsables, car il faut passer du rôle de  victime qui subit sa vie à celle qui maîtrise sa vie et fait des choix conscients. Plus vous allez prendre responsabilité de votre vie et plus vous allez vous sentir en puissance, dans votre pouvoir et en maîtrise de votre vie.

Pour ma part j’aime revisiter mes choix même si je n’ai pas de nouvelles stratégies pour les remettre en question, par exemple, le choix de me déplacer en voiture. Est- ce que cela me convient toujours, je me demande pourquoi je souhaite toujours le faire et est-ce que c’est la meilleure stratégie de déplacement pour moi?

Plus vous allez revisiter votre vie, plus vous allez vous réengager envers vos choix, plus vous allez avoir la sensation de maîtrise de votre vie et de goûter pleinement le bonheur qu’elle vous apporte. Il en est de même pour nos relations, rechoisissons ceux que l’on aime à tous les jours ainsi nos relations garderons tout leur sens. Sinon on en vient à être désabusé et à prendre les choses ou les gens pour acquis. Nous ne ressentons plus la satisfaction et la gratitude pour ce que nous avons la chance d’avoir dans notre vie.

Reprendre le sens perdu c’est rattraper son bonheur!

Monique

2 Comments on “Le sens et le stress”

  1. merci tout cela a un sens et cest que nous avons perdu de vue dans notre societe merci pour ce partage tres clair

  2. Pingback: Suis-je stressé? | Cocrea.ca - Cocreation empathique avec Monique Desjardins

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