Les dangers des écrans pour les enfants et les adolescents

C’est suite à l’alerte d’un médecin de quartier que la chaîne de télévision France 2 a décidé de faire un reportage complet sur le sujet des dangers des écrans et leurs impacts négatifs sur le développement du cerveau des enfants intitulé « Accros aux écrans ». C’est un reportage du magazine Envoyé Spécial, une enquête d’Adèle Flaux et de Paul Moreira. Le voici plus bas.

Probablement que vous avez déjà entendu parler de cette problématique d’aujourd’hui, car si vous êtes parents vous avez à intervenir au sujet de la consommation de l’internet et des jeux de votre enfant ou de votre adolescent.

Le cerveau a une tendance à l’addiction

Je me souviens avoir provoqué un tollé lors d’une formation, il y a de cela 4 ou 5 ans où j’avais suggéré aux parents d’éviter de donner l’accès aux écrans, à leurs enfants avant l’âge de  5 ans, autres que celui de la télévision et pour une durée restreinte de 30 minutes par jour. D’éviter de regarder la télévision le matin avant d’aller à la garderie ou l’école et cela afin que ces derniers puissent avoir une meilleure concentration et ne développent pas une accoutumance. Il est facile de développer des mauvaises habitudes par contre il est beaucoup plus difficile de les arrêter.

Je savais déjà que le cerveau a une forte tendance addictive et que nous entrons en transe  hypnotique (voir note plus bas) en regardant la télévision, petits et grands.  Je crois que mes suggestions avaient été jugées drastiques et sectaires. Pourtant j’avais fait cette recommandation aux parents afin de leur éviter bien des problèmes, car à cette époque je savais intuitivement qu’une exposition aux écrans trop régulière aurait un effet négatif sur le développement des enfants.

Aussi j’avais déjà l’expérience avec mes enfants qui étaient des adolescents et qui, même s’ils avaient développé un bon autocontrôle lors de leurs primaires (ils étaient autonomes pour la gestion de leurs études et de leurs tâches), ils avaient certaines difficultés par moment à gérer leur horaire quant à l’utilisation de l’internet depuis l’entrée au secondaire, ils avaient régressé. Nous avons été obligés d’encadrer très serré par moment. Maintenant nous savons qu’un cerveau d’adolescent est très vulnérable aux dépendances tout comme les touts petits.

Bouger est primordial pour le développement du cerveau

Il est également reconnu qu’un enfant qui n’apprend pas à jouer physiquement en se mouvant aura beaucoup de difficulté d’apprentissage, car  c’est un facteur essentiel pour développer notre cerveau. Nous savons que nous bâtissons l’intégralité de notre coordination corporelle sur les différents mouvements faits les uns après les autres lorsque nos mouvements deviennent volontaires, avant ceux-ci étaient involontaires sous formes réflexes. Par la suite l’enfant doit intégrer sa latéralité (ou référence au côté gauche ou droit). Cette intégration se fait par petit pas et répétition jour après jour.

Pour un jeune enfant il est facile de courir, sauter, danser, d’aller vers ce qui l’attire pour explorer son milieu. Par contraste, si la plupart du temps il apprend à être passif en lien avec  l’environnement, cela dérègle son moteur interne naturel et il risque de développer une attitude négative qui le portera  à cesser de combler par lui-même ses besoins, ce qui arrive lorsqu’il a accès à une tablette ou autres écrans. De plus la sédentarité mène facilement et généralement à  l’obésité.

Le Directeur de santé publique de Montréal et la Société canadienne de physiologie suggèrent de limiter le temps passé devant les écrans à moins d’une heure par jour pour les deux à 5 ans.

Direction de la santé publique

Inculquer des bonnes habitudes est primordial pour une vie heureuse

Il est important en tant que parent d’inculquer des bonnes habitudes et de restreindre les moins bonnes sans toutefois les bannir complètement, car  nous pouvons créer un attrait pour ce qui est interdit. Le cerveau (la portion des habitudes, l’inconscient) ne fait pas la distinction entre ce qui est bon ou mauvais pour nous, sa priorité est de sécréter toujours plus d’hormones de « bonheur ». Plus  nous développons une habitude jeune et plus il est difficile de la changer en vieillissant; l’enfant a tendance à en demander toujours plus et cela est dû au fait qu’avec le temps pour ressentir le même plaisir il doit augmenter les doses de l’instrument de plaisir.

Tout cela s’induit très subtilement et facilement  à cause de la dopamine,
ce neurotransmetteur qui  donne la motivation de refaire le même geste encore et encore. La consommation de  jus se transforme avec le temps en demande de boisson sucrée. Si l’enfant commence à consommer un dessert sucré à la fin d’un repas, éventuellement avec le temps il  répétera cette habitude tous les jours. La dopamine est reliée au circuit de la récompense et c’est ce que les ingénieurs informatiques de la Silicon Valley ont vite compris et exploitent auprès de nous tous avec les jeux vidéos, Facebook et compagnie. Dans la société, les personnes les plus vulnérables sont les plus jeunes, les moins de 25 ans, lorsque le cerveau n’est pas suffisamment développé pour résister aux tentations et gagner les batailles contre l’assuétude.

Volonté et désirs

Vous avez assurément compris que l’éducation n’est pas de tout repos et que nous devons nous adapter à l’enfant qui est devant nous. Même si les principes de base sont les mêmes pour tous, chaque enfant se développe différemment. Et comme l’éducation est une question de combinaison, il y a beaucoup de discernement  dans nos interventions pour que chaque enfant puisse vivre une vie équilibrée et développer une autodiscipline.

Il y a tellement de tentations aujourd’hui qu’il est primordial de savoir dire «non» et de savoir comment exercer sa volonté.Malheureusement ce que nous ne savons pas avec les nouvelles technologies c’est qu’elles effritent les zones cérébrales de la raison, du jugement, de l’empathie, de l’autocontrôle et de la volonté. Et toutes ces qualités constituent ce dont nous avons besoin pour avoir une vie plus heureuse. Dit autrement, plus nous utilisons ces nouvelles technologies et plus elles nuisent et diminuent les connexions vers le lobe frontal (zone de la raison et du jugement) et ainsi elles laissent la place à l’impulsivité, l’agressivité et les dépendances de toutes sortes. Elles font de nous des esclaves.

Vous aimeriez savoir ce que les institutions en pensent?

Le Directeur de santé publique de Montréal et la Société canadienne de physiologie suggèrent de limiter le temps passé devant les écrans à moins d’une heure par jour pour les deux à 5 ans.

De façon générale, le temps passé par les tout-petits devant un écran est du temps qu’ils ne consacreront pas à des activités interactives essentielles à leur développement. Lors de mes dernières visites chez le pédiatre, le coin pour le jeu avait disparu et tous les enfants étaient assis avec un écran et il n’y a eu aucune interaction, laquelle était fréquente et aisée lorsqu’il y avait des jeux et des livres à leur disposition.

Selon l’Institut de la statistique du Québec, un jeune (12-24) sur cinq se divertit devant un écran pendant 35 heures ou plus par semaine. La Société canadienne de physiologie de l’exercice recommande aux jeunes de 5 à 17 ans de limiter leur temps d’écran à un maximum de deux heures par jour, soit  14 heures par semaine, en contraste énorme avec  35 heures. Il est aussi mentionné dans ces recommandations que toute réduction du temps d’écran engendre des bénéfices supplémentaires pour la santé et également la capacité de socialisation. Savoir construire un réseau social est un atout à tout âge et contribue largement à la santé psychologique individuelle et collective.

Les professionnels en garderie ou à l’école constatent des retards engendrés chez certains enfants dus à une trop grande exposition aux écrans. Ces enfants peuvent être moins autonomes pour aller chercher certains apprentissages comme celui d’attacher ses souliers ou de colorier un dessin sans dépassement, car les jeux électroniques entretiennent la gratification immédiate et les enfants s’y habituent rapidement. L’effort  devient beaucoup plus difficile. des jouets et se mettre en action. Aussi il est fréquent qu’ils soient moins patients  pour faire

Les professionnels en garderie ou à l’école constatent des retards engendrés chez certains enfants dus à une trop grande exposition aux écrans.

Il est prouvé qu’un apprentissage est mieux intégré grâce à une interaction vécue avec des personnes qu’avec des écrans.

Nous reportons nos difficultés à plus tard mais à quel prix?

Il est facile pour nous adultes d’offrir notre tablette à un enfant quand il y a un moment d’attente; anciennement ces moments facilitaient toutes sortes d’habileté sociale, de mémorisation et d’apprentissages. Il est prouvé qu’un apprentissage est mieux intégré grâce à une interaction vécue avec des personnes qu’avec des écrans.

Arrêter un enfant ou un adolescent de jouer grâce à un écran suscite automatiquement une frustration et même de l’agressivité. Il voudra revenir à l’écran et cela inclut aussi la  télévision, car les deux induisent facilement une transe hypnotique, ce qui nous porte à en redemander constamment. Toutefois il convient de savoir que la télévision a un effet moins désastreux sur le cerveau que les autres écrans parce que l’effet de la dopamine est moins présente.

Il faut savoir:

  • que les adolescents forment la classe sociale la plus stressée de la société, tout comme c’est le cas avec les personnes âgées
  • qu’un stress chronique peut provoquer certains symptômes ressemblant à une dépression comme un sens critique aigu, de la négativité, de l’anxiété, une nonchalance, une facilité à développer une dépendance, des angoisses, une perte d’estime de soi due à une baisse de sentiment de contrôle de sa vie. Pour plus d’informations vous référer à la chronique.
  • qu’un stress chronique prédispose au burn-out ou à la dépression.
  • il est facile de se réfugier dans le monde virtuel lorsque nous sommes déprimés et qu’à long terme ce monde virtuel va augmenter notre mal-être, lequel nous amenera à nous exclure davantage du monde réel, ainsi se crée un cercle vicieux où il devient difficile d’en sortir.
  • le cerveau a besoin de bouger et aussi d’être en relation, pour en savoir plus vous référer à la chronique.

Le cerveau en santé a besoin de bouger et d’être en relation de façon saine et réelle, en dehors de la virtualité. Pour recevoir l’affiche cliquez ici

POUR CE FAIRE


Si vous désirez diminuer le temps d’exposition aux écrans et pour que ce soit plus facile lorsque vous  exigez d’arrêter l’exposition aux écrans, voici des suggestions basées sur des bonnes pratiques déjà expérimentées :

  1. Être empathique et en même temps vous faire appuyer par votre entourage avant que cela ne devienne un problème. L’empathie exprimée à répétition (technique du disque brisé), avec sincérité et conviction constitue une approche stratégique pour éviter des réactions agressives, car l’agressivité ne fera que dégrader la situation. Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas du tout la même vision de l’utilisation de l’internet et des jeux que nous, car ils sont « nés » et grandissent dans ce contexte. Tout faisant appel aux statistiques et rapports scientifiques qui prônent la diminution d’exposition aux écrans, il est important de reconnaître et être conscients des aspects positifs des nouvelles technologies.
  2. Il est important que les écrans soient les moins visibles possible. Lorsque la tentation est très visible, le combat est plus difficile.
  3. Développer rapidement avec nos enfants des routines de jeux extérieurs et intérieurs autres que ceux en ligne.
  4. Développer des habitudes sportives.
  5. Faire attention de ne pas développer des habitudes de temps d’écrans comme par exemple dans la voiture, lors du magasinage, lors des moments d’attentes chez un professionnel.
  6. Se rappeler qu’il n’est jamais obligatoire d’offrir son téléphone à son enfant et si on le fait, alors se rappeler que cela demeure aléatoire c’est-à-dire au hasard dans le temps et au niveau du facteur déclencheur. Il est tellement facile de développer de mauvaises habitudes, c’est  un jeu d’enfant! Voilà  un jeu de mot pour nous aider à résister à la tentation bien temporaire d’acheter la paix, tout en contribuant à développer un mauvais réflexe autant pour le parent que pour l’enfant.
  7. Comme nos enfants ont besoin de travailler avec internet pour leurs travaux scolaires, et cela de plus en plus jeune, il est important d’établir avec eux un horaire du temps de consultation sur internet et de les amener à être autonomes avec des alarmes qu’ils géreront eux-mêmes, avec une surveillance parentale discrète et surtout ferme.
  8. Aussi il est important de placer l’ordinateur dans un lieu commun où tous pourront voir ce qui est sur l’écran.
  9. Il est aussi possible de laisser des revues ou articles faciles à lire et comprendre qui portent sur le sujet et même les partager avec vos enfants.
  10. Dans le cas où la confiance et la collaboration ne fonctionnent pas, il est important de mettre en place rapidement un logiciel de contrôle et de partager avec votre enfant ou votre adolescent l’horaire des moments où le contrôle parental prendra la relève, car il est essentiel d’avoir ce genre de système pour nous aider dans notre rôle de guidance et de ne pas avoir à  jouer le méchant qui ferme l’ordinateur lorsque l’enfant ou l’adolescent ne respecte pas l’horaire. Il peut être facile de se mettre en colère lorsque nous devons répéter la même consigne et qu’elle n’est pas prise en compte. Et si en plus l’enfant est frustré par la situation, l’arrêt du jeu peut devenir un moment de dispute, ce qui n’aidera personne à éventuellement vivre ce moment dans la paix et le calme, comme nous le souhaitons. Puis, lorsque l’enfant ou l’adolescent semble avoir intégré les consignes, nous pouvons enlever le contrôle parental et revenir à l’accès libre. Il est important de faire comprendre à notre enfant notre intention de le guider sur ce chemin de consommateur averti.  Cet aller-retour entre l’accès libre et non-libre peut se vivre plusieurs fois avant d’être vraiment assimilé chez certain enfant ou adolescent.
  11. Avoir cet aide-mémoire bien en vue.(image plus haut , si vous désirez télécharger c’est ici)
  12. Avoir un équilibre de vie ce qui veut die en répartissant judicieusement les activités qui contribuent au bien-être physique, psychologique et mental incluant bien dormir, manger et bouger. Tout ce dont notre cerveau a besoin pour être dans une forme optimale.
  13. Choisir des jeux selon nos valeurs en expliquant à l’enfant ce qui motive notre décision.
  14. Favoriser la lecture de livres et autres documents imprimés dès le plus jeune âge. Il existe des grands-parents qui offrent dès la tendre enfance des livres imperméables pour usage dans la baignoire. D’ailleurs des adultes qui lisent autrement que sur des écrans encouragent les enfants à lire et ils peuvent même des ados à en faire autant. « Prêcher » par l’exemple rapporte plus que la théorie non appliquée! Enfants et ados percevront alors les livres comme des « amis ». Certains livres sont des amis éternels qui savent rester dans nos vies alors que les modes d’écrans changent incessamment. On peut souvent lire un livre à la lumière naturelle ou avec une lumière moins vive que les écrans, ce qui est un plus pour la vue! Les livres offrent aussi l’avantage de solliciter la capacité de concentration et d’imagination.
  15. Avant d’attribuer un téléphone cellulaire à un enfant ou à un ado, bien établir les conditions d’utilisation avant qu’il ne soit trop tard. J’ai vu trop de parents ne plus savoir quoi faire lorsque le téléphone était utilisé à outrance et même la nuit. Il est préférable de prévenir et de récupérer les téléphones avant l’heure du coucher. De toute façon, pour une qualité de sommeil supérieure il vaut mieux sortir tous les écrans des chambres à coucher des enfants et des adolescents. La raison est simple : il n’est pas encore à 100% certain que ces bidules n’émettent pas des ondes électromagnétiques dommageables pour le cerveau.
  16. Être capable de prévenir la cyberdépendance et aussi de la repérer s’il y a lieu. Un excellent antidote est l’habitude d’aller en famille chercher des livres, CDs et films. Cette simple pratique appuie le développement de qualités personnelles telles que l’estime de soi, un sens de l’autonomie et d’identité personnelle, des centres d’intérêts, etc. Lire de cette façon, sans écran, peut devenir un loisir et un élément de santé mentale d’une valeur énorme. Un cadeau pour la vie!
  17. Échanger avec nos jeunes sur les différents sujets tels que la cyberintimidation, le sexting et les cyberprédateurs.
  18. Ne jamais utiliser son téléphone portable pour se réveiller. La tentation est trop élevé.

En tant que parent ou tout autre guide bien renseigné, il est de notre responsabilité première d’assurer un cerveau en santé chez nos enfants et nos ados. En espérant que cette chronique puisse vous aider.

Note La transe hypnotique permet de réduire l’activité de son mental et d’augmenter la détente somatique du corps. Lorsqu’il est en transe, le sujet entre dans un état de relaxation entre extase et léthargie. Cet état favorise l’accès à notre inconscient.

Monique

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