Depuis que nous sommes dans une société de grande abondance, cette facilité d’accès au bien matériel fait que nous surprotégeons nos enfants. Je vous explique : habituellement, nous apprenons de nos erreurs. Comment apprenons-nous de nos erreurs ? Eh bien, en vivant les conséquences directes de nos actions.
Donner de la sécurité ou surprotéger?
Sauf que par moment, nous sommes tellement derrière eux à tout penser pour eux ou à tout faire à leur place qu’ils n’ont plus à se préoccuper de leur vie, ils savent que papa et maman seront là pour eux.
Il est vrai et normal qu’en tant que parent, nous voulions protéger nos enfants d’éventuelles expériences qui se voudraient dramatiques ou traumatisantes, c’est même notre rôle de parent. Nous voulons leur épargner de se brûler, de se faire mal ou encore d’avoir à souffrir psychologiquement comme d’avoir à faire face à un échec trop grand pour eux lorsqu’il n’ont pas encore la maturité pour la résilience pour rebondir.
Comme nous sommes bien attentionnés, nous essayons de prévenir certaines situations pour les en épargner, ce qui est normal. Sauf que par moment, nous sommes tellement derrière eux à tout penser pour eux ou à tout faire à leur place qu’ils n’ont plus à se préoccuper de leur vie, ils savent que papa et maman seront là pour eux.
Par exemple, des parents interviennent auprès des professeurs pour leur éviter de vivre les conséquences de leurs actions, nous les excusons aussi pour leurs absences à l’école. Nous les assistons dans leurs devoirs et leçons même s’ils sont adolescents. Nous sommes là pour organiser leur horaire, pour leur faire penser à leurs différentes responsabilités.
Nous leur achetons plusieurs paires de mitaines, car nous savons qu’ils les perdent fréquemment et nous ne voulons pas qu’ils aient froid la journée suivante. Nous allons fouiller à leur place dans les bacs de récupération lorsqu’ils perdent un chandail. De plus, la plupart des enfants ont tellement de vêtements et d’accessoires qu’ils ne savent même plus les reconnaitre.
Il est temps de grandir
Parfois, nous agissons à l’inverse; nous les laissons carrément tomber en nous disant qu’ils sont assez grands maintenant pour faire les choses par eux-mêmes. En effet nous décidons que c’est assez, qu’il doit faire seul . J’ai écris une chronique à ce sujet « Pourquoi tout à coup cessons nous de donner du soutien à nos enfants ». Nous les laissons vivre des expériences sans être là pour les encadrer ou les accompagner dans leur évolution.
Cette façon de faire peut par moment être désastreuse si l’enfant n’a pas encore la maturité pour prendre soin de lui et surtout s’il se blâme quand les choses vont de travers. Bien que la plupart des problèmes soient causés par un ensemble complexe de facteurs, certaines personnes pensent en noir et blanc et s’attribuent tout le blâme. Ils sont submergés par la culpabilité et un sentiment d’inutilité, ce qui les pousse à s’isoler et se replier.
Faute ou opportunité d’apprentissage?
Parent Conscient et Bienveillant, c’est apprendre à équilibrer tout cela en enlevant la notion d’erreur et en la remplaçant par « l’opportunité d’apprentissage ». On cesse de tergiverser avec l’enfant, on cesse d’argumenter. On écoute son histoire, ce qu’il a à nous raconter pour mieux cerner sa perception, pour mieux comprendre comment il voit son expérience. Est-ce qu’il prend un rôle de victime? Se sent il impuissant? Y a-t-il une notion de faute dans son histoire? A-t-il peur de la réaction de l’adulte? Est-ce qu’il attribue la responsabilité à l’extérieur de lui? Est-ce qu’il se blâme?
Si c’est le cas, c’est qu’il se met dans une situation d’impuissance et ainsi, on ne développe pas sa confiance en soi. Il faut arriver à un équilibre, à la justesse des choses. Au lieu de dire qu’il a fait une erreur, on peut lui dire que c’est une expérience qui sert à apprendre des choses sur lui et les autres. Impliquez-le, prenez le temps de le faire réfléchir c’est ainsi qu’il va développer sa capacité d’analyse et de réflexion.
Apprendre à être optimiste ou pessimiste
D’abord il faut lui faire comprendre la différence entre l’optimisme et le pessimisme. Et aussi, entre l’attribution interne et externe, c’est ma responsabilité ou la responsabilité d’une autre personne. Il faut aussi expliquer à l’enfant la notion d’avoir le contrôle sur sa vie. Certains parents craignent que leurs enfants ne prennent pas leur part de responsabilité dans les différentes problématiques de la vie ou que leurs enfants développent des réflexes comme « tout est merveilleux » ou encore « je suis merveilleux, ce sera facile, et je n’ai pas besoin d’étudier ».
Par contre, il est très utile d’enseigner aux enfants que de nombreuses causes se conjuguent pour engendrer un problème et qu’ils ne doivent pas se blâmer à outrance pour les causes qu’ils ne peuvent maitriser. Aussi, nous ne voulons pas des enfants qui sont tellement sûrs d’eux qu’ils tombent dans un « optimisme aveugle ».
Il est important de leur apprendre à analyser les problèmes réels de leur vie avec justesse. Leur enseigner à considérer leurs problèmes avec pessimisme entraine des conséquences fâcheuses : ceux qui croient que rien n’a d’importance, que leurs problèmes sont immuables et éternels ne chercheront pas à trouver des solutions et risque d’abandonner rapidement ou pire ne jamais essayer.
Il est démontré que les enfants et adultes pessimistes sont plus à risque de développer une dépression car la perception qu’ils ont de la vie les rend impuissants. Fréquemment, les enfants vont dramatiser et concluent au pire ou encore ils ne veulent aucunement prendre leurs responsabilités.
POUR CE FAIRE
Pour enseigner à nos enfants la distinction entre le pessimisme et l’optimisme, vous pouvez commencer à faire le jeu de la pizza avec eux :
Lorsque vous vous assoyez avec eux pour parler d’un problème, l’oubli fréquent de la boite à lunch ou les notes qui baissent par exemple.
- Vous décrivez la situation sans jugement, comme une observation.
« Ta boite à lunch n’est pas revenue hier et aujourd’hui non plus, cela me préoccupe, et je voudrais t’entendre à ce propos. »
- On écoute ce qu’il a à dire sans argumenter.
- On reformule alors : « Si j’ai bien compris… ».
- « Et maintenant, que pourrais-tu faire la prochaine fois considérant que tu sais que cela peut arriver? »
- « Et maintenant, qu’est-ce que l’on fait si nous n’avons plus de boite à lunch, ni de thermos pour la journée de demain? » Faites un remue-méninge des solutions possibles.
- Selon sa réaction et son niveau de collaboration, vous pouvez vous aider en l’invitant à jouer à la pizza.
On va diviser la pizza en 4 morceaux :
- Nous allons trouver une raison pour laquelle quelqu’un d’autre serait responsable de la situation, par exemple, lorsque tu es revenu à ta case, ta boite à lunch n’était plus là; probablement que quelqu’un a joué avec toi, il t’a fait une blague ou un mauvais tour.
- Maintenant, essaie de t’imaginer une raison, un geste que tu aurais pu faire où ce serait toi le responsable, par exemple, tu n’as pas fait attention et tu ne l’as pas ramenée de la cafétéria après ton repas, comme tu penses l’avoir fait.
- La troisième pointe est une conclusion pessimiste : je suis poche et j’oublie tout.
- La quatrième pointe est une conclusion optimiste et dynamisante : peut-être que si j’étais allé demander aux personnes de la cafétéria ou encore chercher dans le bac de récupération, je l’aurai trouvée.
Pour développer la confiance en soi il est important d’être optimiste, d’avoir espoir que les choses puissent changer. Lorsque nous ne voyons plus de lueur au bout du tunnel, nous nous résignons.
Si par exemple votre enfant a échoué à un examen, il peut penser « je n’ai pas assez étudié » ou « je suis stupide » ou « l’examen était trop difficile » ou encore « le prof est incompétent ».
Faites-lui faire le jeu de la pizza et regardez avec lui quelles sont les pensées qui sont les plus aidantes à avoir, les plus dynamisantes. Lorsque nous transformons les problèmes en catastrophe ou encore lorsque nous nous mettons dans une situation d’impuissance, nous nous décourageons et nous abandonnons.
Si je fais ceci :
- quelle est la chose qui a le plus de chance de se produire?
- et qu’est-ce que je peux faire pour diminuer l’éventualité de la pire chose?
- et comment je peux augmenter les possibilités de la meilleure chose?
Comment reprendre la maîtrise de sa vie, voilà ce que vous enseignez à vos enfants avec ce jeu de la pizza. Par la suite vous pouvez lui apprendre à la diviser en augmentant le nombre de pointe car la vie c’est multifactorielle, il n’y a rien de tout blanc ou de tout noir.
Affectueusement
Monique