Je me demande par moment quelle est la raison pour laquelle nous décidons en tant que parent qu’il est temps :
Il est temps qu’il devienne propre.
Il est temps qu’il cesse d’utiliser sa sucette.
Il est temps qu’il s’habille seul.
Il est temps qu’il dorme seul.
Il est temps qu’il fasse ses devoirs tout seul.
Il est temps qu’il cesse de faire des crises.
Il est temps qu’il apprenne à gérer ses affaires.
À partir du moment où nous prenons cette décision, nous ne voulons plus donner de soutien à notre enfant et nous devenons irrité et fréquemment très indifférent à ce qu’il vit. Nous perdons notre empathie et nous retirons toute notre aide. Et ainsi, nous nous éloignons l’un de l’autre.C’est un peu comme si ce trapéziste lâchait l’autre et cela sans filet de protection.
À un moment donné, les parents décident qu’ils en ont assez des crises, ils se sentent envahis par les colères de leurs enfants ou encore c’est par pression sociale ou sous l’avis de quelqu’un d’expérimenté. À un moment donné, ils décident que leur enfant doit se consoler seul ou encore se calmer seul. À partir de ce moment, beaucoup de parents utilisent le time out ou le retrait lorsque l’enfant fait des crises ou des colères. Ils l’envoient dans sa chambre lorsqu’il rechigne ou argumente ou encore lorsqu’il a frappé sa sœur ou lorsqu’il a eu un mauvais comportement. Beaucoup de parents me disent qu’ils l’envoient réfléchir sur le fait que ce n’est pas une punition.
Croyez-vous sincèrement qu’un enfant va se mettre à réfléchir sur ce qu’il a fait? Comment pourrait-il voir ce retrait autrement que comme un rejet?
Vous seriez surpris de ce qu’il peut faire au lieu de réfléchir comme nous aimerions qu’il le fasse. Une fois dans sa chambre :
- Il peut vivre du ressentiment en se disant que c’est injuste et qu’il ne peut plus faire confiance aux adultes.
- Il peut penser aux moyens qu’il pourrait prendre pour obtenir ce qu’il souhaite d’une autre façon.
- Il peut se demander comment il pourrait faire pour ne pas se faire prendre la prochaine fois.
- Ou encore se dire qu’il est mauvais et qu’on ne l’aime pas pour cette raison.
J’aimerais que vous vous demandiez en tant que parent la raison pour laquelle nous enlevons notre soutien à nos enfants… Croyons-nous que le soutien est un frein à l’autonomie?
Même les adultes ont besoin de soutien dans leurs apprentissages; nous avons besoin de personnes connaissantes et plus expérimentées que nous. Il en va de même pour les enfants et de plus, les enfants en ont encore plus besoin, car leur cerveau n’est pas encore développé. Il le sera autour de l’âge de 25 ans.
Pour qu’un enfant soit capable de réflexion, il faudrait qu’il ait appris à le faire et pour cela, il faudrait qu’il ait accès à son cortex et à son lobe frontal. Le cortex et le lobe frontal sont les parties du cerveau qui nous permettent de prendre des décisions, de réfléchir, d’avoir de l’empathie. Lorsque nous sommes en colère, ces parties de notre cerveau sont inaccessibles.
Avant, nous pensions que le cerveau se développait pendant l’enfance sous l’influence de la génétique et qu’une fois mature, à l’âge adulte, il était immuable. Nous avons déjà appris que les neurones étaient des cellules qui ne se régénéraient pas. Maintenant avec l’imagerie cérébrale nous savons que ces idées sont anciennes, le cerveau est malléable. Nous savons aussi que nous avons besoin de notre zone préfrontale pour réguler nos émotions et combien, lorsque nous sommes stressés, nous avons tendance à perdre ce contrôle du cortex. Nous savons que les enfants ont encore moins de contrôle que nous, et qu’ils sont nos miroirs. Que ce soit le parent, où l’enfant, si nous n’intégrons pas nos expériences, nous sommes submergés par l’émotion et incapables de réagir de manière appropriée. De plus, ces expériences non intégrées seront comme des fantômes dans notre vie et reviendront nous hanter au moment où nous nous y attendrons le moins. C’est pour cette raison que nous devons apprendre à l’enfant à se calmer, il n’apprendra pas de lui-même seul dans sa chambre à intégrer ses expériences. S’il arrive à se calmer ce sera à quel prix pour ses relations futures car il n’aura pas intégré ses expériences, ce seront des nœuds émotionnels et ils viennent bloquer la route vers une vie maitrisée. Il est important de se connecter avec tendresse aux émotions de l’enfant, de les nommer de faire le tour de son jardin pour être capable de l’amener à raisonner.
Envoyer un enfant dans sa chambre pour se calmer ou réfléchir le prive de la possibilité de développer ses compétences d’autogestion de ses émotions, de résolution de conflit et de collaboration. Bien souvent, après l’avoir laissé seul, nous lui demandons de s’excuser et de se soumettre à notre décision. C’est peut-être plus facile pour nous à court terme, mais ce n’est pas une option à long terme, car il n’aura pas appris ce qu’il a besoin d’apprendre pour avoir une connexion aimante et respectueuse avec autrui. Il ne se sera pas suffisamment entraîné avant l’adolescence.
À bientôt
Monique
2 Comments on “Pourquoi tout à coup décidons-nous de cesser de donner du soutien à nos enfants?”
J’ai bien aimé lire cet article, je suis convaincu qu’il y’a beaucoup de travail derrière.
Mon avis sur les punitions a été toujours le même, et je pense que le fait de connaitre qu’un enfant ne peut pas réfléchir comme un adulte et se mettre en cause, c’est déjà un grand pas vers une bonne éducation. L’enfant va se sentir rejeté et mal aimé, et le choix reste toujours celui des parents. Alors prenons les bonnes décisions pour nos petits…
Merci pour votre commentaire,c’est agréable d’échanger avec des parents et de connaitre votre avis. Si vous désirez avoir accès à mes nouvelles chroniques vous pouvez vous inscrire à ma liste d’envoi.
Mon plu grand rêve est d’amener plus de bienveillance sur la planète et je sais que cela débute dans la connaissance et l’éducation. Étant maman depuis plusieurs années, mes enfants ont maintenant 16 et 19 ans, j’ai réussi à régulariser mes émotions avec la pratique de la cohérence cardiaque. Il est important d’avoir des outils efficaces dans sa boîte à outils, car une scie rouillée peut couper mais avec combien d’énergie gaspillée.