Un des premier-but d’une démarche de parentalité consciente et bienveillante est de savoir où nous sommes. Ainsi il sera plus facile d’élaborer les différentes étapes que nous aurons à parcourir pour devenir un parent plus conscient et bienveillant.
J’ai fait un vidéo très général à cet effet qui selon moi est très complet. Maintenant nous allons regarder de façon plus spécifique quel sera le premier pas à faire.
Pourquoi est-ce que je ne sais pas par où commencer?
Pour être capable de savoir où nous sommes c’est-à-dire quel genre de parents nous sommes, nous devons apprendre à être observateur de nous-mêmes. C’est-à-dire devenir conscient de nos actions au moment présent.
Il est important de savoir que c’est notre niveau de stress qui va influencer cette capacité d’observation et de conscience attentive. Plus nous sommes stressés et plus nous allons agir inconsciemment, pour en savoir davantage c’est ici.
Nous pouvons être en mode automatique et rumination ou en mode intuitif selon le niveau de stress et de l’interprétation du niveau de dangerosité de la situation par notre cerveau. Nous sommes de plus en plus très stimulés par la nouvelle technologie et avons de la difficulté à garder notre attention sur une chose en particulier ce qui contamine notre parentalité et nos relations.
Plus nous sommes stressés et plus notre cerveau déconnecte les centres de réflexion et de la raison, car ces fonctions sont très énergivores. Le cerveau se met en mode pilotage automatique : ce qui veut dire que nous répétons les comportements appris par le passé.
Notre cerveau est un grand économiseur d’énergie, car tout notre corps est fait selon le principe de la survie. Il priorise certaines zones qu’ils considèrent comme primordiales pour sa survie au détriment de celles qui sont moins prioritaires.
Ce n’est pas le moment de changer d’habitudes et de faire de l’introspection lorsque nous sommes en danger. Lorsque nous ne nous observons pas, nous ne nous rendons pas compte que certaines de nos interventions ou attitudes ne sont pas bonnes ni pour nos enfants ni pour nous, et ni pour nos relations.
Dans la plupart de nos interactions, nous avons tendance à regarder seulement l’autre et nous interagissons avec lui. Si notre enfant n’a pas le comportement attendu, suite à une de nos interventions, nous avons la tendance à le blâmer plutôt que de nous remettre en question. Nous ne prenons aucune responsabilité envers la réaction de l’autre lors de nos interventions.
La relation est une boucle rétroactive
Nous n’avons pas appris à voir les relations comme un système relationnel, ce que j’appelle le jardin relationnel où nous sommes responsable de ce que nous y semons. Les relations sont des systèmes dynamiques et circulaires, des boucles rétroactives.
Mais très souvent nous voyons les relations comme étant deux êtres qui communiquent entre eux, comme étant un système linéaire où nous nous sentons impuissants. Et nous croyons encore que si c’est un lien de parentalité, le parent devrait avoir suffisamment d’autorité pour se faire obéir et respecter par son enfant.
Mais une relation c’est beaucoup plus que ça et la relation de parent à enfant est aussi influencée par le système familial dans lequel elle baigne. Ce qui veut dire que ce sont deux êtres qui ont leurs propres influences internes et externes qui sont ensuite influencés par les différents systèmes relationnels qui leur sont proches.
En effet lorsque nous sommes parents nous savons bien que nous devons être à l’écoute des besoins de nos enfants, car ceux-ci peuvent influencer l’état et l’attitude de notre enfant. Un enfant qui a faim ou qui est fatigué ne sera pas aussi réceptif que s’il a mangé et a bien dormi, idem pour les adultes.
En même temps, nous savons aussi que plus un enfant grandi et plus les parents seront exigeants envers lui afin qu’il augmente sa tolérance à la frustration, ce qui veut dire être capable de tolérer l’inconfort et garder son calme ainsi que sa bonne humeur, c’est ce qui explique que certains parents diront «ce n’est qu’un caprice», au lieu de reconnaître le besoin non comblé de l’enfant et amener l’enfant à développer sa patience .
La relation, une coresponsabilité
Il n’y a pas si longtemps, nous avions la croyance que si l’enfant n’agissait pas selon les normes ou selon nos attentes, nous devions le punir, car il était méchant et le faisait exprès. C’était de sa faute et de son entière responsabilité. Nous ne savions pas que les enfants apprennent par l’exemple et que nous pouvions, nous parents être la ou les causes de leurs mal-être. Il est temps de regarder notre part de responsabilité et aussi de savoir que les enfants ne sont pas mal intentionnés.
Maintenant nous savons que c’est le parent qui a la responsabilité de chercher les façons pour que son enfant soit suffisamment calme, confiant et attentif pour vouloir explorer le monde en cherchant à collaborer avec les autres. C’est le parent qui va amener l’enfant à passer du « je » au « nous », c’est à dire les principes de coresponsabilité et de collaboration.
Nous savons aussi que nous avons une grande part de responsabilité dans la façon dont notre enfant interagit avec les autres et conçoit le monde. En étant plus conscient de notre responsabilité en tant que parent, nous pouvons voir les conséquences négatives qu’ont sur nous et sur lui nos attitudes et nos agissements envers lui. Ainsi nous pouvons faire les modifications nécessaires pour que nous puissions tous vivre mieux et que notre enfant se développe avec un cerveau intégré et en santé.
Posons-nous les questions: Est ce qu’il se peut que nous encourageons sans le savoir un comportement que nous n’aimons pas chez notre enfant? Est-ce qu’il se peut que nous le créons ? Ici, il ne faut surtout pas se culpabiliser mais plutôt se responsabiliser et agir. Observons-nous, moi et lui.
« La pierre n’a point d’autre espoir d’être autre chose qu’une pierre. Mais, avec la collaboration, elle s’assemble et devient temple. »
Antoine de Saint-Exupéry
Pourquoi développer une position d’observateur?
[/feature_headline]Parce qu’en focalisant notre attention sur notre mental, nous construisons des circuits spécifiques dans notre cerveau. Notre cerveau est vraiment «plastique», modifiable par l’expérience: il est donc possible, à n’importe quel âge, de rendre son fonctionnement plus efficace et plus harmonieux.
La position d’observateur c’est aussi la conscience attentive et elle implique trois aptitudes fondamentales:
La première est l’introspection; elle consiste à sentir, de l’intérieur, notre propre vie mentale. L’introspection nous permet de savoir qui nous sommes, qui nous avons été dans le passé et qui nous aimerions être à l’avenir. En reliant passé, présent et futur, elle nous donne une perception intuitive globale et claire de notre identité, de nos attitudes et de nos comportements.
La deuxième aptitude est l’empathie ou la capacité de sentir intuitivement la vie mentale d’autrui, ce qui se passe dans son espace intérieur. L’empathie nous permet de «voir» du point de vue de l’autre, en nous mettant à sa place. L’empathie est une voie d’accès à la compassion et à la bienveillance; elle favorise aussi l’intelligence sociale en nous permettant de comprendre les intentions et les besoins de l’autre, ce qui est un gage d’une relation satisfaisante.
La troisième aptitude est l’intégration, à savoir la capacité de relier les différentes parties d’une chose en un tout. Tous les éléments de cet ensemble sont alors interconnectés. L’intégration nous permet de reconnaître et d’apprécier les différences, de faire preuve d’humanité et de sensibilité dans nos échanges interpersonnels, et donc d’avoir des relations gratifiantes avec les autres.
Il est très important que cet observateur de nous-mêmes soit bienveillant et empathique. Ce ne doit pas être un observateur jugeant et culpabilisant. Nous allons sortir de cette façon de voir les autres ou nous-mêmes comme étant bons ou méchants. Cette vision dichotomique des êtres humains est une distorsion cognitive due à une grande intensité émotionnelle.
Nous sommes des êtres complexes, qui cherchons à répondre à nos besoins tels que d’avoir une juste place dans le groupe, d’être aimé, reconnu et apprécié avec équité. Il est très important que cet observateur de nous-mêmes soit bienveillant et empathique. Ce ne doit pas être un observateur jugeant et culpabilisant.
En tant que parent, c’est à nous qu’il revient d’apprendre à nos enfants à avoir un équilibre relationnel, ce qui veut dire de penser autant à soi qu’aux autres. Cesser la rivalité et construire des équipes qui collaborent, le « Nous ». Nous sommes tous interdépendants et avons besoin des uns et des autres. Cette façon de faire sera aussi très satisfaisante pour le couple parental.
Certains parents sans le vouloir, par inconscience valorisent la discrimination et l’injustice sociale en voulant motiver leur enfant à faire des grandes études et aller vers des emplois reconnus et valorisés par les plus hautes sphères du pouvoir social. Lors de mes formations, beaucoup de parents prennent conscience qu’être parent c’est aussi transmettre sa vision du monde.
COMMENT FAIRE
Comment observer ses interventions avec conscience et bienveillance, posons nous ces questions avant nos interventions :
- quel est mon but par cette intervention?
- est-ce que je nourris notre relation?
- est-ce que je protège l’identité positive de mon enfant :
- est-ce que je suis en train de le dévaloriser?
- de le rabaisser, de le diminuer?
- est-ce que je suis en train de lui montrer qu’il est bon à rien, qu’il est un incapable et qu’il ne sait rien faire?
- est-ce que je suis en train de lui enlever sa confiance en lui?
- soyons observateur de notre langage verbal et non verbal.
- quel est mon ton? Est-ce un ton de mépris, de rejet, d’exclusion et de haine ?
- est-ce que je suis en train de le culpabiliser (triangle de Kaufman : bourreau, victime, sauveur) ou de le responsabiliser?
- est-ce que je lui donne le goût de progresser dans ce domaine et d’adopter les valeurs que je suis en train de lui transmettre? Les valeurs ne s’imposent pas.
- est-ce que je tiens compte de la perception de mon enfant?
- est-ce que je tiens compte de mon enfant et de ses défis personnels (âge, état particulier ou phase de développement, etc)?
- est-ce que je le mets dans une position de victime et j’ai pitié de lui ou je suis en train de le mépriser?
- est-ce que je suis en train de prioriser un bien matériel ou un principe à une personne qui est ici mon enfant?
- est-ce que je le traite de la même façon que je traiterais ma mère ou une personne que je respecte énormément?
- dans mon intervention, est-ce que j’ai réussi à le responsabiliser et à garder intacte sa confiance en lui et notre relation?
- suite à mon intervention quelles seront les conséquences sur mon enfant, sur notre relation et sur moi?
- est-ce que je suis en train de l’aider à se développer et prendre responsabilité de ses actions?
- est ce que je lui donne le goût de coopérer?
J’ai aussi cette vidéo sur la nécessité de mettre de la conscience dans toutes nos relations pour évoluer dans notre vie et être plus heureux. Portez-vous bien et merci de commenter cela m’aide à vous aider!
Monique