Quelle est ta danse relationnelle?

Je dramatise, il dédramatise… Je dédramatise, il dramatise.

Comme une danse, une bonne relation repose sur un certain nombre de règles. Le problème, c’est que pour beaucoup d’entre nous, elles sont souvent implicites, c’est-à-dire inconscientes. Si le manque de connaissance de soi-même ou encore de l’autre et des enjeux de la relation vient nous mettre des bâtons dans les roues ou plutôt fait que nous nous marchons sur les pieds, ce sont les partenaires de danse et la relation qui en prennent un coup.Les règles de la relation doivent être applicables pour les deux sinon parfois, nous refoulons nos émotions et nous laissons faire, lassé de cette danse de combativité, et d’autres fois, cela en est trop, la pression interne est trop forte… la rigidité est très présente, et nous dansons notre défoulement. Nous dramatisons ou dédramatisons, nous nous défoulons ou refoulons nos ressentis, nous combattons, nous nous soumettons ou nous imposons et contrôlons. Où allons-nous?

Comme une danse, les partenaires n’ont pas besoin de se tenir serrés l’un contre l’autre à chaque instant, car ils se déplacent d’un pas assuré, alerte, vif et adapté au rythme de la musique. Se serrer l’un contre l’autre trop longtemps risque d’arrêter l’évolution de chacun des danseurs, d’entraver leurs mouvements et d’altérer la beauté perpétuellement changeante de leur déploiement. Que ce soit dans une relation de couple ou entre enfant et parent, l’équilibre de la danse est recherché. Pour le couple, aucune place pour une emprise possessive, un bras qui s’agrippe, une main qui pèse, car chacun doit avant tout être attentionné à lui-même et puis, lorsqu’il se sent bien centré, bien adapté, dans l’ouverture et la souplesse, il peut à ce moment penser danser avec l’autre. Qu’arrive-t-il lorsque chaque danseur veut maitriser la danse, veut amener l’autre où il le souhaite ou encore de la façon dont il le souhaite?

C’est vrai que lorsque nous ne savons pas danser une danse particulière, il est normal d’être guidé pour apprendre les pas et pourtant, certains ne veulent pas s’y soumettre, ils détestent qu’on leur dise comment danser « pied gauche vers l’avant et saute et tourne »; ils préfèrent inventer leurs propres pas selon leurs connaissances et leurs petites voix intérieures et l’imposer aux autres. Doit-on les voir comme des rebelles ou comme des créateurs de leur danse? La musique, c’est comme la vie qui nous entraine; nous avons besoin de vitalité, d’enthousiasme pour danser cette danse avec notre partenaire et aussi pour faire place à notre intuition et avoir confiance en cette danse qui va nous amener à la réalisation de notre moment commun. N’est-ce pas ce que l’on recherche tout naturellement lorsque nous dansons avec nos enfants, nos amours, nos amis ou encore un pur inconnu?Nous n’avons rien de vraiment défini dans notre tête, le résultat est vague, mais nous avons confiance en notre capacité d’être un bon partenaire ou du moins un partenaire convenable, nous nous sentons en sécurité et disponible pour vivre ce moment avec l’autre même si nous sommes par moment hésitant. Nous savons que chacun de nous fera de son mieux, respectera l’autre dans ce qu’il est, son être, nous serons mutuellement à notre écoute et à l’écoute de l’autre. En effet, la première règle est le respect de soi et le respect de l’autre, s’écouter et écouter l’autre. La souplesse dans les jambes et le corps, dans la tête et les pensées. Être à l’écoute de soi et de l’autre à chaque instant. Selon l’intimité de la relation ou le besoin de soutien du moment, le respect de l’espace désiré entre les danseurs et la communication corporelle viennent guider et rassurer les danseurs.

 Chacun est réconforté par une danse et un rythme connu et en même temps, les jeunes enfants s’animent simplement par leur engouement pour la musique. C’est l’enthousiasme pour la musique qui leur permet de danser seuls quelques instants sans l’aide de maman ou de papa. C’est la curiosité qui les inspire à vouloir danser sur des airs nouveaux, c’est le goût d’expérimenter et de faire de nouveaux apprentissages. Ces instants se font de plus en plus longs et de plus en plus fréquents, puis vient un moment où les enfants peuvent même danser avec d’autres que leurs parents, ce qui fait un grand bien aux parents qui peuvent alors se remettre à danser en couple pour une danse complète.

 Avons-nous intérêt à danser constamment la même danse jour après jour, car elle nous réconforte? C’est vrai qu’il est facile de danser lorsque nous connaissons les pas, la mélodie; il y a très peu de probabilités de faire une chute. Par moment, c’est comme si nous voulions que tout se fixe dans le temps, nous aimerions vivre et revivre ce moment particulier de bonheur, nous aimerions que tout reste pareil, que la maison ne vieillisse pas, que les enfants restent petits et mignons, que la voiture reste neuve et sente bon, que tout soit simple, limpide, facile. Le petit bonheur parfait… sans chicane. Est-ce bien cela que nous souhaitons ou bien aimerions-nous que les enfants nous bousculent un peu avec leurs perceptions, leur monde à eux, leurs nouveautés. Plus l’enfant vieillit et plus il veut danser sur d’autres musiques avec des amis bien à lui, il veut se différencier par rapport à son choix musical. Seul un toucher léger du parent en passant est autorisé.

 Quant à l’adolescent, il préfère danser avec ses amis et de temps en temps, il peut risquer nous retrouver sur la même piste.

Et vous, comment dansez-vous? Êtes-vous celui qui guide constamment ou celui qui se laisse guider, le passager de la danse qui ne risque rien ou êtes-vous dans le lâcher-prise, c’est-à-dire dans le plaisir et la confiance de danser avec l’autre?

Devons-nous être constamment à l’affût des obstacles qui peuvent être mis sur notre trajectoire, devons-nous y penser constamment et nous demander lorsqu’ils surgiront sur notre passage? Et s’il y en avait un que nous n’avions pas vu, serait-ce si dommageable pour le couple de danseurs? Serait-ce la catastrophe, l’accident fatal ou une simple chute normale qui vient avec toute danse… La possibilité de tomber… Et peut-être aussi de se faire mal? Lorsque j’étais petite, il était normal de tomber et de se faire mal aux genoux… Je me souviens que par moment, mon genou n’avait même pas le temps de guérir que je tombais à nouveau, et mes parents n’en sont pas moins de très bons parents pour autant.

 Alors je vous souhaite de vous faire confiance et de faire confiance à votre partenaire, et de danser même si vous ne connaissez pas la danse. Si celle-ci se présente à vous, c’est parce qu’elle est faite pour vous.

 

Monique Desjardins

One Comment on “Quelle est ta danse relationnelle?”

  1. Quel exemple qui illustre à merveille le mariage entre entre nos relations et nos vie ! Pas toujours si évident à concilier dans le temps… Il me fera plaisir de partager ce message à des proches. Merci Monique 😉

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